Dans la nuit du 25 au 26 juillet 2023, le roulier – un navire spécialisé dans le transport de véhicules – Fremantle Highway, immatriculé au Panama, a pris feu en mer, au large des Pays-Bas. Transportant 3 783 voitures neuves dont 498 véhicules électriques, il avait pour destination finale Singapour. L’incendie s’est déclaré à bord, et un message de détresse a rapidement été envoyé aux garde-côtes. Mais cela n’a pas suffi à empêcher la mort d’un membre de l’équipage, qui s’était jeté à l’eau pour échapper aux flammes, et d’autres membres ont été blessés.
Très impressionnant, l’incendie a d’abord démarré à un niveau inférieur de ce cargo de 18 500 tonnes, puis s’est propagé aux autres étages, et a duré plusieurs jours. Néanmoins, les remorqueurs anti-incendie ont finalement réussi à le maîtriser, sans faire couler le navire, après l’avoir aspergé d’eau. Il a ensuite pu être remorqué dans le port de Eemshaven, aux Pays-Bas. Mais cet incident n’est pas passé inaperçu.
Outre le risque de catastrophe écologique causé par cet incendie, il a mis en avant un autre risque, qui a des conséquences sur le trafic maritime international : le départ de feu de véhicules électriques à bord d’un navire. Un nouveau risque à prendre en compte, lié à la hausse des ventes de ces véhicules dans le monde.
Un risque mis en évidence par l’incendie du cargo porte-conteneurs Fremantle Highway
Après le déclenchement de cet incendie sur le roulier Fremantle Highway, une enquête a été menée pour découvrir son origine.
Au départ, les véhicules électriques à bord, équipés de batteries au lithium, ont été accusés d’être la cause de l’incendie et d’avoir favorisé la propagation des flammes. Cette accusation a d’ailleurs entraîné de nombreuses polémiques au sujet de ces véhicules. Or, presque toutes les voitures électriques transportées sur ce cargo sont sorties intactes, en roulant. Dès lors, sont-elles vraiment à l’origine du feu ? Plus d’un an après l’incendie, on l’ignore toujours car l’enquête reste inachevée.
Cependant, cet incident illustre bien le nouveau risque auquel le trafic maritime international est confronté depuis quelques années : l’incendie de véhicules électriques, équipés de batteries au lithium-ion, transportés sur des navires. Lorsqu’il se déclare, les conséquences peuvent être désastreuses (et amplifiées si les bateaux coulent) :
- des morts ;
- des blessés ;
- la pollution de l’eau, de l’écosystème marin, de l’air à cause des fumées dégagées et des litres de fioul que contiennent ces cargos.
Un feu très difficile à éteindre en raison de la présence de batteries au lithium
Les incendies de véhicules électriques sont compliqués à maîtriser par les pompiers et sauveteurs à cause des batteries au lithium qu’ils contiennent. C’est le cas sur la terre, et ça l’est davantage sur l’eau.
En effet, lorsqu’une batterie au lithium prend feu, sa température augmente rapidement. Peut alors survenir un emballement thermique, qui rend la maîtrise du feu encore plus difficile. Pour y parvenir, il est nécessaire de noyer la batterie sous l’eau pour faire baisser la chaleur et l’intensité des flammes.
Cependant, en mer, quand le feu concerne de nombreuses batteries, une telle opération risque de faire couler le navire, et de causer d’importants dégâts écologiques. Sans oublier qu’il n’existe pas, à ce jour, de moyen d’extinction des incendies de batteries au lithium. Il est seulement possible de les contrôler, d’empêcher la propagation des flammes, des fumées. Mais il faut attendre qu’elles baissent en température, et consument toute l’énergie stockée. Un réel problème qui devient un enjeu majeur pour le trafic maritime international, puisque les véhicules électriques sont :
- Fabriqués sur différents continents ;
- Vendus partout dans le monde ;
- Acheminés d’un pays à un autre par voie maritime.
Sans oublier les ferrys et navires transportant des passagers, qui peuvent également embarquer des véhicules électriques…
Des incendies plus fréquents sur les rouliers ces dernières années
L’incendie du roulier Fremantle Highway de juillet 2023 a fait couler beaucoup d’encre, mais ce n’est pas le seul ayant eu lieu. D’autres navires transportant des véhicules électriques en ont été victimes ces dernières années (mais les batteries au lithium ne sont pas toujours la cause des départs de feu). Par exemple :
- Le Grande America, en mars 2019, qui a pris feu et coulé à l’ouest de La Rochelle, dans l’Atlantique ;
- Le Felicity Ace en mars 2022, qui a coulé dans l’Atlantique avec, à son bord, 4000 voitures de luxe ;
- Le Grande Costa d’Avorio, qui a pris feu à quai à Newark, dans le New Jersey en juillet 2023.
Face à l’augmentation du nombre de ces incendies, de nouvelles mesures de prévention doivent être prises. L’OMI (institution de l’ONU en charge de la sécurité et la sûreté des transports maritimes) a indiqué que des analyses seraient effectuées pour édicter de nouvelles règles concernant le transport de véhicules électriques.
Il est aussi primordial de former les équipages des navires à la lutte contre l’incendie et aux moyens disponibles pour maîtriser les feux de batteries au lithium (l’utilisation de couvertures anti-feu par exemple).